Statuette chinoise en alliage ferreux recouverte d'une patine allant du brun au cinabre et de quelques traces éparses de dorure. Identifiée comme une représentation du Bouddha du futur "Maitreya" (= le compatissant), elle a été conçue dans le style Tang : visage légèrement arrondi, nez fort, robe monastique de Bhikkhu très couvrante, assez lâche et aux plis ondoyants élaborés.
Si Maitreya est assis dans une posture caractéristique "à l'occidentale" (Pralambapāsana = contemplation absolue) c'est qu'il n'est pas encore un Bouddha mais un Bodhisattva du royaume céleste de Tusita (Gandèn), prêt à se lever et à renaître sur terre.
Promis à devenir le cinquième Bouddha du Bhadra Kalpa (= ère favorable), comme Shakyamuni avant lui il siège temporairement dans ce paradis avant de se manifester parmi les humains, qu'il observe les yeux mi-clos, le regard baissé dans leur direction. Son Eveil complet permettra la remise en mouvement de la roue du véritable Dharma, ce qui veut dire que son avènement est prophétisée à la fin de la période intermédiaire, lorsque la quasi totalité de l'humanité ne pratiquera plus les enseignements de son prédécesseur Siddhârta Gautama.
Sa main droite paume ouverte vers l'extérieur est un signe d'ouverture, d'apaisement, c'est le geste de « l’absence de crainte ou de protection » (Abhaya-mudrā) Ses deux pieds reposent sur des lotus émergeants de volutes éthérées (préservation de la pureté de l'esprit du Bodhisattva, jamais souillé par les imperfections du monde dans lequel il apparait)
Une telle iconographie se rapproche des statues encore visibles dans les grottes et niches à Longmen dans la province de Henan en Chine, notamment la "grotte aux mérites" ou aux trois Bouddhas Moya. Une vision biaisée par une culture judéo-chrétienne voudrait assimiler Maitreya à un "sauveur" venant délivrer les hommes de la souffrance et des tourments d'une époque apocalyptique. Cependant, il ne faut pas oublier que le bouddhisme propose une voie de libération par soi-même. Certes, les circonstances doivent être propices à l'Eveil et les enseignements du Dharma accessibles, mais la bouddhéité est un état déjà présent dans tous les êtres, il suffit de la réaliser.
En cela, Maitreya personnifie également la métaphore du pratiquant Mahayaniste engagé dans les vœux du Bodhisattva, donc promis à être un futur Bouddha. Maitreya incarne ce rappel sur le chemin, la protection de la foi inébranlable même durant les périodes les plus sombres. Sa destinée est notre destinée, rien ne nous sépare. Son Mudra est un geste de reconnaissance mutuelle qui dissipe toute peur de perte de nos conditions et nous place en sécurité. Comme dans un miroir, méditer sur Maitreya c'est plonger dans notre propre Esprit et y trouver les ressources inépuisables de la compassion.