Exceptionnelle corne rituelle tibétaine de yak à patine brune, finement gravée sur toute sa surface et sculptée à la pointe.
Il s'agit d'une corne de sorcier ("Thun Rwa" ou "Thungra" = corne aux substances magiques), utilisée primitivement par les chamans puis par des Lamas qualifiés.
Comme dans tout rituel de conjuration, l'objectif est de détruire l'emprise d'une magie noire ou d'une entité maléfique qui tourmente les hommes (y compris sous forme de maladies ou calamités diverses)
Pour cela, de telles armes ésotériques aident à matérialiser les forces en jeu qui s'affrontent : puissance du yak, dessins d'animaux venimeux (ici un scorpion et des serpents entrelacés) ou mythiques (ici Makara à l'extrémité, dont la gueule ouverte est réhaussée d'un pigment rouge carmin) La corne est scellée par un bouchon à la base, car elle renferme des graines (la plupart du temps de sésame "Til" pour éliminer toutes les conséquences des actions impures ou de moutarde "Yungs dkar" pour pacifier les ennemis ou d'orge "Nas" pour développer les pouvoirs psychiques) qui vont être expulsées par un orifice en-dessous de la tête du Makara, vers l'entité ou le pouvoir aliénant à déloger.
La graine de moutarde est un ingrédient assez répandu dans les cérémonies magiques du Vajrayana, à visée destructive ou d'expulsion. En effet, sa nature piquante est naturellement associée aux divinités courroucées qui vont pouvoir y trouver un véhicule ou support adéquat, telle une munition chargée dans une arme ésotérique rituelle contre les esprits démoniaques et soutenue par des mantras d'exorcisme appropriés. La présence d'un Chorten (Stupa) sous lequel sont disposés le scorpion et les serpents nous indique que le facteur guérisseur trouve sa source dans l'Esprit du Bouddha et de ses cinq sagesses, les animaux dangereux sont contraints à servir le bien, le venimeux devient protecteur des vertueux.
A proximité, une tortue céleste (héritage de l'ancien symbole Chinois de l'univers : plastron inférieur pour l'horizon de la terre et carapace supérieure pour la voute étoilée) rappelle que l'officiant s'en remet aussi à l'oracle et aux desseins des arcanes astrologiques. A noter que les quatre animaux de la corne sont tous dans la série des onze surmontant traditionnellement les différentes bannières de victoire : ceci n'est pas un hasard, mais vient renforcer l'idée du Vajrayana que toute expérience est transmutable en facteur d'Eveil, même ce qui peut sembler "sauvage" ou indomptable devient allié pour faire triompher le bien (l'Esprit de sagesse)