Grand reliquaire portatif tibétain en forme de sanctuaire, nommé Ga'u ou Ghau ou Gao. Le corps est conçu à partir de feuilles de cuivre pliées et martelées. La façade, en argent à bas titre, est couverte d'un riche décor en repoussé et ciselé.
Une fenêtre laisse visible une amulette Tsa Tsa en terre cuite polychrome, enchâssée dans un tissu de coton rouge sang (Dmar) avec des mantras calligraphiés. Des plantes médicinales sacrées complètent l'assemblage intérieur.
Notons que l'ouverture se fait par un fond amovible maintenu par une ficelle attachée aux deux anneaux servant à suspendre le Ghau, la façade étant hermétiquement soudée au boitier.
Ce type de reliquaire transportable à plusieurs usages traditionnels :
- assurer au voyageur / au nomade la protection de la divinité ou des charmes qu'il contient
- disposer d'un autel miniature lors de ses déplacements et en partager les bienfaits
- conserver dans de bonnes conditions des reliques précieuses et autres substances actives
- détenir un contenant consacré pour ramener les objets en lien avec les lieux de pèlerinage visités
- amplifier les pouvoirs d'une relique en la maintenant très proche de soi (divinité d'élection) sans la détériorer ou la souiller
Ce Ghau renferme un Tsa Tsa polychrome du populaire Dhyani Bouddha de méditation Ratnasambhava (= source des Joyaux), en corps d'émanation, reconnaissable car de couleur jaune et faisant de sa main droite le signe du don (Varada mudra) pour symboliser la charité et la compassion. Il est assis en Padmasana (lotus) Ratnasambhava exprime la sagesse de l'égalité : acceptation du Samsara et du Nirvana issus d'une source unique, la vacuité, avec le dépassement de la dualité objet - sujet.
La façade est principalement composée des huit signes auspicieux (Ashtamangala ou Nashi Tagye : l'urne de sagesse, le nœud sans fin, la roue du Dharma, les poissons, la bannière de victoire, le parasol, la conque et la fleur de lotus) inscrits dans des rinceaux de part et d'autre de la fenêtre, en marque du triomphe de la bouddhéité sur les trois poisons, l'obscurantisme, les obstacles à la pratique du Dharma. En haut un bouquet de Joyaux (Ratna) embrasés, ce sont les six Pāramitās du Mahayana (les six vertus ou perfections à cultiver pour atteindre l'Eveil) En bas, un Kirtimukha (= visage glorieux), qui à la fois protège des forces du mal (ou des forces élémentaires de la nature) et délimite un espace sacré autour de la divinité. Le tout repose sur un Padmapitha à simple corolle.