Ancien tambour à main et double face, d'origine népalaise ou tibétaine. Les deux corps de résonance hémisphériques joints par leur sommet sont en bois (théoriquement couverts de mantras à l'intérieur) Les membranes tendues sont collées et fabriquées à partir de peau de serpent. Deux boules flottantes recouvertes de tissu assurent la percussion par fouettement lorsque l'instrument est mis en mouvement grâce à de rapides rotations du poignet. Ce type de tambour appelé "Damaru" ou "Rnga Chung" (= petit tambour) trouve son ascendance dans le Shivaïsme de la vallée de l'Indus, comme symbole de l'union indissociable de Shiva (le Tâla ou rythme masculin) et sa Shakti Pārvatī (le Râga ou cadre mélodique féminin)
Intégré dans le bouddhisme tibétain, le Damaru est utilisé comme instrument dans les pratiques tantriques du Vajarayana. Habituellement rondes et en bois, les caisses lorsqu'elles sont ovoïdes peuvent être aussi confectionnées à partir de sections de crânes humains juvéniles garçon et fille ("Kapalika Damaru", comme symbole de la fusion de la Bodhitchitta absolue et relative) pour leur qualité magique, à l'instar des tambours de divinités tibétaines représentées courroucées.
Le Damaru se joue de la main droite en tournant le poignet et en faisant battre alternativement les deux percuteurs contre les peaux étirées. Dans le bouddhisme tantrique, le tambour est associé aux deux principaux objets rituels que sont le Dorjé (Vajra) et le Dril-bu (Ghanta) Car il est joué par le Maître de cérémonie (Vajracharya) pour produire le son de la "grande félicité" (joie de tous les Bouddhas qui sont invoqués), alors que la cloche appelle à la reconnaissance de la vacuité (le son émergeant du non-manifesté) Tambour et cloche expriment ainsi l'union consubstantielle de la méthode avec la sagesse.
Par ailleurs, le Damaru replonge le Yogin dans les types de sons "non frappés" (Anahata Nada) de sa méditation. C'est à dire qu'il reproduit les "bruits blancs", non causés par une action volontaire physique, et même la musique interne de la vie entendue lorsque l'attention méditative est assez soutenue (circulation sanguine, battements de cœur, bourdonnement du système nerveux en éveil) Du Damaru pend un long ornement de brocarts nommé Pèn ou Chöpen. Constitué de bandes de tissus cousues, superposées et taillées en pointe, il est solidement fixé à la poignée du tambour de manière à ce qu'il oscille pendant que l'instrument est actionné.
Le Pèn est une déclinaison de la bannière de victoire : triomphe du Dharma sur l'ignorance, de la paix sur les émotions perturbatrices, de la pratique ininterrompue sur l'adversité.