Ce moulin à prières tibétain (Mani Khorlo) est unique par sa taille hors norme qui nécessite de le maintenir à la verticale, inséré dans un support en bois. Il est constitué d'une "roue" (feuille de cuivre repoussée, maintenue par des cercles en laiton), coiffée d'un chapeau au bouton de lotus terminal, d'un contrepoids de bronze maintenu à une chainette qui impulse la force centrifuge pour la rotation, d'un bambou et d'une rondelle d'os (ou coquillage ?) mobiles autour d'un axe de métal, d'un grand manche en bois consolidé aux extrémités par des bagues de laiton. La partie supérieure de la roue porte sur toute sa circonférence les six syllabes du Mantra de Chenrézig (Om Mani Padmé Houng), tandis que la partie inférieure montre les huit signes auspicieux. Mais c'est son contenu qui donne tout le pouvoir à la mise en mouvement de cet objet cultuel : son rouleau de mille Mantras copiés méthodiquement et disposé de telle sorte que la rotation dextrorsum suive le sens de lecture (ici le rouleau est protégé par un tissu et il occupe bien la totalité du cylindre, comme le veut la tradition)
Le Mantra est un des moyens habiles du Vajrayana pour cheminer justement vers la vacuité de l'Esprit et donc de renforcer l'impersonnalité : hors de pratiques de dévotion, le Bouddha est le chemin vers l'éveil mais à nous de le parcourir. L'absence de dévotion ne veut pas dire désacralisé, au contraire, la roue du Dharma figurant sur le couvercle de ce moulin nous engage à entretenir indéfiniment ce geste sacré de la mise en mouvement de l'enseignement visant à la libération : le Mantra est un son ordonnateur qui nous recentre, une onde créatrice qui dépasse la cognition, un Verbe de lumière que déchire les ténèbres de l'ignorance.