Petit masque mural en bronze à patine mordorée de production artisanale indienne ou népalaise. Belles finitions, notamment dans le détail des yeux mi-clos en amandes, réhaussés par un trait de sourcil délibérément exagéré, exprimant une puissante intériorité : le regard en profonde méditation semble se perdre dans l'infini, il se pose sur le monde manifesté sans s'y attacher, c'est une vision pénétrante non discriminante.
Il s'agit d'une représentation classique du dieu hindou Shiva (= le bienfaisant) sous sa forme "Shanker" c'est à dire de destructeur des incertitudes. Car en grand Maître Yogin, Shiva unifie corps-cœur-esprit au tout indifférencié, donc il est une voie de dépassement de l'état d'ignorance vers une vue parfaite de la réalité. De son chignon rond d'ascète maintenu par un rosaire de perles Akshamala (guirlande de sagesse, mantras de ses enseignements) surgit au sommet une petite tête qui est la déesse Gangâ. Puisque sa chevelure est à la fois la source du Gange et le labyrinthe de boucles dans lequel il enferma l'impétueuse déesse pour calmer ses flots, et ainsi épargner aux hommes que toute la terre ne soit submergée. Cette légende lui vaut le qualificatif de Gangâdhara ou détenteur du fleuve sacré.
Le croissant de lune sur le côté droit de sa tête rappelle la coupe remplie de la sagesse fécondante du Soma (nectar revitalisant d'immortalité) Tandis que le Naja en collier autour de son cou figure sa maîtrise de la puissante Kundalini, énergie cosmique pleinement déployée, transperçant un à un les Chakras et aboutissant à l'Eveil au-delà du conditionné par conséquent au-delà du temps. Le serpent est aussi une référence extérieure à la force intérieure féminine amalgamée de Shiva (sa Shakti)
Les lourdes boucles d'oreilles en anneaux sont une autre facette du même symbolisme : affranchissement des cycles, énergie latente concentrée, victoire glorieuse sur le Samsara par le retour à l'indivisé. La bouche de Shiva esquisse un léger sourire de félicité.
Son front porte le troisième œil vertical Jñāna Cakṣus affleurant du Tripundra à l'emplacement de l'Ajñā chakra (7ème Chakra) A partir du développement intérieur du Soi, il est la vision pénétrante derrière toutes les apparences, brûlant tous les voiles d'illusions, ouvert à la claire Lumière de l'Esprit que plus rien ne saurait obscurcir.