Attachante collection de huit petites lampes à beurre, d'origine tibétaine ou népalaise. Il ne s'agit pas d'une série homogène, mais de paires de lampes en bronze-laiton pour les plus hautes et en cuivre pour les plus réduites. Ces objets sont très patinés et ils portent de nombreux résidus de combustion, témoignage manifeste de leur usage durant plusieurs décennies.
Les lampes à beurre tibétaine (Mar-mé ou Mchod-mé ou Dipa en sanskrit qui signifie "lumière") sont présentes dans une infinie de variétés, cependant elles ont toutes en commun cette forme caractéristique de calice. Ici, leur conception sobre et leur taille miniature les destinent à être utilisées en grand nombre (parfois plusieurs centaines au cours de certaines cérémonies) sur des autels ou sur des murets d'enceinte de lieux sacrés. Le combustible traditionnel utilisé est le beurre, notamment de yak dans l'Himalaya, mais aussi du ghee ou même de l'huile végétale. Ces aliments de base étant précieux en milieu froid et hostile, leurs dons renforcent d'autant plus l'acte de foi et d'abnégation du pratiquant qui s'attache à acquérir des mérites. Car en apportant sans cesse ces substances comme offrandes, les pèlerins entretiennent la lumière qui déchire les ténèbres, c'est à dire la clarté de la sagesse qui intérieurement consume les voiles obscurcissant des trois poisons pour ouvrir son esprit à l'illumination. D'ailleurs, ce symbolisme est tellement ancré dans le bouddhisme qu'il est dit que Śāriputra (Sha-ri-bu) le premier et meilleur disciple accompli du Bouddha Sàkyamuni détenait sa considérable sagesse d'une lampe à beurre allumée avec ferveur au pied d'un stupa durant une vie antérieure.
En pratique tantrique, la lampe sert à focaliser l'attention, à soutenir la concentration du méditant, elle est associée au mantra OM VAJRA ALOKE AH HUM (prière d'offrande de Lumière - Atisha) La flamme d'une telle lampe n'est jamais soufflée, elle est éteinte en versant un peu de beurre liquide sur sa mèche à l'aide d'une cuillère à Puja. Notons que la coupe (ciel - haut) et le piédouche (terre - bas) de la lampe sont reliés par un "nœud" souvent sous-estimé, mais qui pourtant a le même rôle fondamental que dans le Dorjé : le germe Esprit d’où jaillissent symétriquement par expansion les Bouddhas de sagesse dans les dix directions, pour au final converger par contraction et se fondre à nouveau au centre dans l’Esprit pur de lumineuse vacuité de diamant du Bouddha primordial (Adibouddha), là où saṃsāra et nirvāna s’annulent.