Ancienne statue d'origine tibétaine ou népalaise coulée en bronze à patine sombre. Il s'agit d'un représentation de Jambhala (Dzam bha la = "précieuse divinité qui nous honore de ses richesses rassemblées") d'excellente qualité et d'une finesse remarquable.
Assis en Lalitasana (= "aisance royale", ce qui veut dire qu'il est libre, serein, détaché du cycle du Samsara) sur un socle lotiforme à simple corolle, Jambhala qui personnifie la générosité inconditionnelle de tous les Bouddhas, montre des attributs caractéristiques :
- un corps massif (signe d'opulence, d'abondance), deux bras, trois yeux (omniscience, transcendance du temps)
- une mangouste (Gter gyi ne’u le) tenue en main gauche qui régurgite des pierres précieuses (Ichneumon : traqueuse de dragons, ennemie des serpents et donc des Nagas, capable de subtiliser leurs trésors cachés dans les entrailles de la terre. Donc symbole de générosité et d'accomplissement des souhaits à partir de la libération du désir de possession, à l'image de l'Arhat Bakula qui accorde aux pratiquants par le même animal les biens matériels ou les dispositions nécessaires au cheminement spirituel vers l'Eveil)
- un Bījapūraka (= fruit "rempli de graines", le cédrat ou citron) tenu en main droite qui esquisse le Karana Mudra (repousse les obstacles, élimine la négativité ou la peur)
- le pied droit reposant sur une conque (l'autorité du Dharma au service de l'action qui subjugue l'adversité)
- le visage grimaçant, bouche avec des dents acérées (la menace du revers de fortune pour ceux qui seraient tentés d'acquérir des richesses sans éthique, avec égoïsme, en s'écartant de l'octuple sentier des êtres Nobles)
Couronné du diadème à têtes de Citipatis et à cinq fleurons (cinq Vainqueurs), il témoigne de la transmutation dans les 5 sagesses du Bouddha des 5 kleshas empoisonnés qui détournent l’homme de l’Eveil (ce sont les racines des souffrances : Avidyā l'ignorance, Asmitā l'égoïsme, Rāga les désirs, Dvesha l'aversion, Abhinivesha l'attachement à l'existence)
Ici il est figuré en union Yab Yum avec sa parèdre Vasudharā (= "rivière de trésors). La déesse populaire de l'abondance est l'incarnation de Dana, la générosité sans borne des six Paramitas. Elle semble plonger dans le regard saisissant de Jambhala et demeurer ainsi dans l'expérience de la grande félicité inconditionnelle et inépuisable (Samadhi)
Vasudharā offre aussi un fruit Bījapūraka de la main droite et une gerbe de maïs de la main gauche (manquante) car associée aux fructueuses récoltes, à la fertilité du sol.
Cinq Jambhala se distinguent par leur couleur : jaune (le plus répandu, invoqué pour détruire la suffisance), vert (contre la convoitise), blanc (libère des dépendances), rouge (éloigne la vénalité) et noir (dissipe la rancune)