Atypique statuette japonaise en bois laqué, identifiée comme un gardien de la famille des Dvârapâla (= gardien de la porte) ou Niô ou Kongō Rikishi en japonais. Ce sont des divinités courroucées, d'aspect guerrier, protecteurs des sanctuaires hindouistes ou bouddhistes (ou même des lieux de pouvoir comme les palais) et plus particulièrement de l'entrée principale.
Habituellement par paire de part et d'autre du seuil, les Dvârapâla sont également positionnés dans les quatre directions cardinales (dans ce cas ils sont nommés "Lokapala")
A l'instar des Dharmapala (protecteurs de la doctrine ou Dharma), leurs caractéristiques physiques impressionnantes voire repoussantes sont faites pour décourager les forces hostiles qui voudraient s'attaquer aux précieux Joyaux spirituels. En outre elles témoignent de leur origine souvent démoniaque, surnaturelle, belliqueuse ou martiale. Car le mal est combattu par le mal ou plus précisément par ces armées d'entités définitivement converties à servir une noble cause : subjugués par des êtres ayant réalisé l'Eveil tels les Bouddhas, leur force est renversée, redirigée contre les ennemis.
Transposées au plan individuel, les actions violentes et sans pitié de ces Dvârapâla / Dharmapala sont les destructions décisives des freins à la pratique tels les trois poisons de l'Esprit qui voilent la réalité. En cela, les adeptes dépassent aisément leur aspect peu engageant, voient et utilisent leur potentiel hautement bénéfique : les fougueuses émotions sont fixées dans ces gardiens, par la méditation et en s'appuyant sur la Sagesse. Cet exemplaire Japonais de Kongō Rikishi à l'attitude du Ungyō : main droite relevée, main gauche fermée à hauteur de hanche, et surtout bouche fermée pour symboliser la puissance contenue ou non-manifestée.
En effet le Niô Un-gyō engendre la syllabe primordiale "UM", tandis que son binôme A-gyō qui a la bouche ouverte produit le son "A" : ensemble ils donnent naissance au fameux "A-UM" qui touche à la structure vibratoire de l'univers. La statuette polychrome sculptée dans un seul bloc de bois à faible densité, laquée de rouge carmin à la patine d'usage et réhaussée à la dorure, est saisissante de réalisme : traits d'un visage anguleux et émacié, yeux fixes caverneux contrastant avec la pose dynamique à la fois engagée et stable, musculature saillante sur un corps d'ascète.