Ancienne tablette xylographique de bois blanc peu dense (certainement du bouleau) d'origine népalaise ou tibétaine, imprégnée d'encre noire recto-verso. Cet outil est gravé successivement par deux fois du célèbre mantra du Bodhisattva de la compassion Avalokiteshvara (aussi corps de gloire du Bouddha de l'ouest Amitabha) : OM MANI PADME HUM en écriture tibétaine ༀམནིཔདྨེཧཱུྃ prononcé OM MANI PEME HUNG.
Chaque syllabe du mantra prononcé inlassablement (ou mis en mouvement comme dans les moulins à prière) permet de fermer la porte d'une renaissance dans l'un des six mondes du Samsara, marquant la volonté inébranlable du pratiquant de rejoindre l'état de Nirvana. Mais ces syllabes ont aussi d'autres significations, comme les six Pāramitās (= atteindre le but ou l'autre rive, par les six vertus transcendantes) du Sūtra du Lotus pour le bouddhisme Mahayana.
Le texte est façonné en relief par évidage du bois et il est inversé en miroir, car il s'agit d'une matrice d'imprimerie. Le principe est séculaire, il a permis la production et la diffusion rapide à peu de frais de feuillets destinés aux fidèles et aux pratiquants (mantras, enseignements du Bouddha "Kangyour" et commentaires "Tanjur", textes liturgiques, illustrations) mais aussi de drapeaux à prières : les moines ou laïcs travaillent avec dextérité deux par deux face à face pour apposer l'encre sur la matrice, puis la feuille par dessus, enfin l'ensemble est pressé d'un seul geste sur toute la longueur, avant de retirer la feuille pour séchage.
En tant que vecteur du Dharma, les tablettes xylographiques employées par les copistes sont sacrées. Elles sont religieusement conservées, comme au Parkhang de Dergué, trésor culturel et patrimonial de la province du Sichuan, qui en compterait plus de 200 000 dont certaines âgées de près de 300 ans.
Ce site fait toujours l'objet de pèlerinages, tant il est vénéré comme une des trois imprimeries historiques majeures du bouddhisme tibétain.