Authentique trompe tibétaine nommée Rag Dung (= corne ou conque d'airain) ou Dung Chen (= longue corne ou conque), composée de cinq sections emboitées de tubulures en cuivre de diamètre croissant, reliées par des bagues de renfort en laiton. Cet assemblage sur un modèle télescopique facilite le transport, puisqu'une fois replié l'instrument passe de 163 à 63 cm de longueur.
D'autres éléments sont en laiton : l'embouchure, ainsi que de riches ornements de rinceaux au repoussé et au repercé, décors perlés, motifs géométriques apposés en frises. Un anneau en bordure du pavillon évasé permet d'accrocher une bandoulière.
Le Dung Chen est joué par paire en préludes ou en intermèdes dans les monastères tibétains depuis un promontoire comme un toit de temple (bien que celui-ci de taille moyenne d'environ 6 pieds de long serait plus destiné à un usage intérieur)
Les Dung Chen en procession sont maintenus sur les épaules des moines qui les précèdent. Le son grave que la trompe émet contraste en alternance avec la tonalité haute du Rgya gling (= flûte royale) En rituel, les moines sont organisés en trois groupes, selon leur instrument (à vent, à percussion, à tintement), l'ensemble visant à orchestrer une offrande de musique (Mchod Rol) Car il est traditionnellement admis que cette musique atonale, aux rythmiques déroutantes, a été inspirée par les khandroma (Dakinis ou "danseuses du ciel")
En effet, ces divinités féminines de sagesse découvrent des trésors spirituels (Termas) aux pratiquants suffisamment zélés et donc parmi eux la clé de cette musique complexe. D'ailleurs Atisha lui-même, le Bengali père de la "formation de l'Esprit" (Lojong), fût guidé par une Khandroma et c'est pour cette raison que le Dung Chen se nomme aussi "la conque qui accueille le traducteur érudit", en référence au son qui amena Atisha de l'Inde jusqu'au pays des neiges.
Les monastères possèdent leur propre déclinaison d'un registre musical souvent très riche, qui s'adapte aux divinités pour lesquelles les cérémonies sont consacrées, paisibles ou courroucées. Ainsi, la musique liturgique tibétaine s'efforce de retranscrire les neuf états de manifestation des divinités (allégorie de l'affirmation de ses propres émotions : charmant, héroïque, désagréable, agité, furieux, terrifiant, compatissant, impressionnant, apaisé) regroupés en quatre activités (de pacification, d'enrichissement, de magnétisation et de destruction)