Amulette mongole en terre cuite dite "Tsa Tsa" de forme carrée, présentant dix manifestations du Bouddha Akshobya sous son aspect de Nirmanakaya (corps d'émanation) et au centre le grand Lama Djé Tsong Khapa.
Akshobya signifie "imperturbable", dans le sens de ne plus éprouver d'émotions négatives comme la colère ou bien la haine. En effet, selon le mythe généralement accepté, Akshobya était initialement un moine qui fit le vœux définitif de demeurer dans un état de stabilité émotionnelle absolue, sans jamais laisser poindre un quelconque sentiment d'agressivité ou d'aversion envers un être sensible. Sa patience inaltérable durant de nombreuses vies força le respect, l'admiration de tous et lui donna finalement accès à la bouddhéité ainsi qu'à son nom d'Akshobya.
Son attribut est logiquement le Dorjé, soutenu de sa main gauche, symbole de la stabilité indestructible de l'Esprit au sein de la Vacuité. De sa main droite il esquisse le Bhumisparsha Mudra (geste d'appeler la terre à témoin de son Eveil)
Normalement de couleur bleu nuit, Akshobya est tel la surface calme d'un lac : tout s'y reflète sans laisser d'empreinte (la conscience éveillée non-duelle est universelle, elle accepte tout, ne rejette rien, ne s'attache pas) Les dix manifestations d'Akshobya sur cette amulette évoquent le triomphe sur les 10 entraves (Daśasamyojana : liens au Samsara) par l'application des 10 actions vertueuses, faisant naître la Bodhicitta pour s'engager définitivement sur la voie de l'Eveil amenant aux grands accomplissements successifs ou "Bhūmis" (atteinte des 10 terres des Bodhisattvas)
L'association d'Akshobya avec le réformateur Djé Tsong Khapa (1357-1419) est compréhensible, tant ce Lama fondateur de l'ordre Gelugpa (= les Vertueux) a œuvré pour la stricte adoption du Vinaya (règles monastiques) En outre, il a produit un travail majeur d'éclaircissement du Tantra père de Guhyasamāja ("Une lampe pour illuminer les cinq étapes du Guhyasamaja") ou" Tantra-roi du secret et grand secret des corps, parole et esprit de tous les Tathāgatas". Or pour les Gelugpas, Guhyasamaja est bien une forme tantrique du Bouddha Akshobya.
Djé Tsongkhapa est considéré comme une émanation de Manjusri le Bodhisattva de la sagesse. A ce titre, ses attributs sont aussi l'épée flamboyante (Khadga) à sa droite sur un lotus et le livre de la sagesse transcendante (Pustaka) sur un autre lotus à sa gauche, toujours à hauteur d'épaule.
L'épée coupe aussi bien les liens de l'attachement au Samsara que les opaques voiles de l'ignorance, elle ouvre l'accès à la Vérité indifférenciée relative et absolue à l'image des deux tranchants d'une lame, elle illumine l'Esprit égaré dans les sombres illusions. Le livre initie à la Prajnaparamita (interdépendance, coproduction conditionnée et vacuité des phénomènes)