Zanpar (Zangpar ou Zan-spar = moule à nourriture, gâteau rituel) tibétain patiné par le temps et l'usage traditionnel. Les Zanpar sont sculptés en creux par les Lamas eux-mêmes qui les utilisent ou bien sur commande par des charpentiers. Leur fonction, aux origines prébouddhiques ou chamaniques, est de servir de moules pour réaliser des empreintes sur des Gtor-ma ou Torma (pâte de Tsampa, eau et quelquefois incorporation de substances animales, végétales ou humaines) Ainsi les Gtor-ma sont confectionnés spécialement pour un but recherché : offrandes aux puissances démoniaques de biens précieux pour assouvir leurs demandes et ainsi espérer calmer leurs tourments dont font partie les maladies ou les maléfices, protection des hommes et des animaux contre les dangers, aide au combat de forces adverses grâce à des armes figurées, attirer les faveurs de déités pacifiées (offrande propitiatoire), ex-voto gratulatoire. Les empreintes sont alors disposées sur un autel ou dans différents coins d'une habitation. Parfois, elles sont détruites immédiatement après un rituel visant à faire pénétrer un démon dans les figurines ou déposées à un croisement, afin de refouler le mal dans toutes les directions. S'il s'agit de rituel de guérison, les empreintes ne sont brûlées qu'après le retour à la santé. Les milliers de forces surnaturelles pouvant engendrer des souffrances (maladies, catastrophes, accidents...) et la multiplicité des usages occultes des Zanpar, expliquent la diversité des motifs.
Les Lamas qualifiés devaient disposer rapidement de toute la variété de ces instruments que nécessaire, réunis en liasses et conservés précieusement dans des tissus (ou des étuis de cuir) au sein des monastères. Il convient de voir les Zanpar comme des outils ou des remèdes sacrés, et non comme des objets pouvant être cédés, ils sont transmis de Lamas à disciples, ce qui explique leur extrême rareté sur le marché.