Un cercle qui n’est pas un cercle…
Le logo du site intègre un symbole connu au Japon sous le nom « d’Ensō ».
Profondément ancré dans le bouddhisme Zen, ce cercle d’origine antérieure chinoise (Taoïste) revêt des significations bien plus profondes qu’il n’y parait.
Tout d’abord car nous ne pouvons pas parler d’un Enso, mais de multiples Enso, en fait chaque tracé est unique : reflet de l’Esprit de son auteur, de son calme mental, de sa pratique, de l’intention donnée au-delà de la simple conscience.
Ensuite, parce qu’il est calligraphié en un seul mouvement, ceci l’éloignant du cercle parfait. Son écriture composée de « En » (circulaire) et « So » (aspect) éclaire d’ailleurs cette caractéristique : « qui a l’apparence du cercle ».
Emprunt d’impermanence, comme le geste à jamais irreproductible qui l’a fait naître, il est un témoignage de l’instantanéité de la création : un point de départ (le pinceau qui se pose), un parcours fugace (le tracé du cercle), un retour à l’origine (la boucle) et une dissolution dans l’infini (le pinceau qui se détache de la toile pour se refondre dans le vide)
Pas de seconde chance : le dessin est d’une seule impulsion décisive, d’un seul tenant, son imperfection sera sa caractéristique.
Du vide naît la forme, de la forme naît le vide
Bien entendu, ce pseudo cercle est à mon sens la plus parfaite représentation de la vacuité : pas de forme sans vide, pas de vide sans forme. L’Enso prend naissance dans le vide, le vide reprend naissance dans l’Enso : manifesté et non-manifesté sont indissociables.
« Honrai muichimotsu » : la vacuité a la capacité d’être tout ce qui est, et même infiniment plus encore.
L’Enso est naturellement la parfaite illustration du célèbre Sûtra du Cœur de la Prajñâ Pâramitâ :
« Shâriputra, les formes ne sont pas différentes du vide, le vide n’est pas différent des formes, les formes sont le vide, le vide est les formes. Il en va de même des sensations, des perceptions, des constructions mentales et des consciences.
Shâriputra, tous ces éléments ayant l’aspect du vide, ils n’apparaissent ni ne disparaissent, ils ne sont ni souillés ni purs, ils ne croissent ni ne décroissent. C’est ainsi que dans le vide, il n’y a pas de forme ni de sensation, de perception, de construction mentale et de conscience. »
Hors de portée de l’analyse
Alors l’Enso peut-il réellement être analysé ou décrit ? Visiblement non, tout comme la voie du Dharma il demande à être expérimenté par soi-même, pratiqué encore et encore sans relâche et sans objectif.
Le « moi » s’efface derrière le tracé : épaisseur du trait, interruption, centrage, décentrage, profondeur,… la réalisation du « soi » s’exprime indépendamment de la volonté.
L’Enso est un miroir, il invite à passer de l’autre côté, bien au-delà des pensées conceptuelles, support de méditation il exprime la conscience sans objet.
C’est un rappel que l’enseignement ne fait pas l’Eveil, tel le pratiquant égaré qui confondrait la lune avec son reflet : « ce qui te manques ? cherche-le dans ce que tu as » dit un Koan Zen.
L’Enso d’Aurasiatique
L’Enso d’Aurasiatique est ouvert, telle une respiration se fondant dans l’infini, un croisement entre le cercle et le chemin.
Il est tracé dans le sens horaire :
Pradakshina : rotation méditative qui consiste à contribuer à porter la lumière de l’être Éveillé ou de l’émanation bénéfique de ses reliques autour d’un axis mundi, connexion entre la terre et le ciel, en progressant sur la route du soleil.
Pour aller plus loin
Pour admirer les plus beaux Enso de Maîtres Zen, cet ouvrage unique vous comblera de ses délicates planches : « Les Cercles d’éveil dans l’Art zen » – Audrey Yoshiko Seo. »